MARDI 08.08.23 – 20H00

Femmes, Frauen, Donne, Women, Vrouwen
Clara Schumann, Fanny Mendelssohn, Mel Bonis, Nadia Boulanger, Amy Beach

Cécile Lastchenko, chant / zang
Elsa Grether, violon / viool
Julie Delbart, piano

Programme fascinant, parce qu’entièrement signé par des compositrices, mais poignant si l’on réalise combien il fut difficile, pour certaines d’entre elles, de déployer leurs dons dans un contexte où la création – en particulier la composition – demeurait l’apanage du genre masculin. Si la géniale Mel Bonis en pâtit tout particulièrement, d’autres s’en sont mieux sorties, notamment en acceptant (de plus ou moins bonne grâce) une pause familiale dans leur carrière d’artiste, ce fut le cas de des Américaines Rebecca Clarke et Amy Beach, toutes deux de fortes personnalités. Lili Boulanger – jeune sœur de Nadia, qui fut une illustre professeure de composition au Conservatoire de Paris – eut la chance de naître dans une famille ouverte, cultivée et progressiste, son génie précoce était reconnu par tous ses maîtres mais elle fut emportée à 24 ans par la tuberculose. Le cas de Clara Schumann-Wieck est paradoxal : pianiste virtuose adulée dans toute l’Europe, elle ne lâcha jamais les concerts mais ne composa que du vivant de Robert – elle considérait qu’ils étaient deux à composer une seule musique -, une époque de sa vie pourtant marquée par la santé fragile de son mari et les naissances de leurs nombreux enfants. Pauline Viardot, enfin, pourrait être l’exemple d’une créatrice heureuse et comblée : fille et sœur d’artistes (elle était née Garcia et sa sœur fut la célèbre Malibran), elle-même chanteuse (contralto) très appréciée, et d’une brillante intelligence, elle fut soutenue dans ses activités artistiques et intellectuelles par son époux, Louis Viardot, et ses nombreux amis, dont Ivan Tourgueniev, Georges Sand et Franz Liszt qui lui vouaient une profonde admiration.